1. Prémices et contexte : l’ère Heian, la noblesse de lettre et les premiers clans guerriers

La guerre de Genpei vient mettre un terme à l’ère Heian, où le pouvoir appartenait à l’Empereur et à une Cour de nobles lettrés plutôt qu’à la noblesse guerrière. Celle-ci, mal considérée, était toutefois nécessaire afin d’assurer la sécurité extérieure et intérieure du pays, et dans le cadre de luttes politiques s’aggravant.

Parmi ces clans guerriers, les deux protagonistes majeurs de la guerre : les Minamoto et les Taira. Qui, petit à petit, vont finir par s’impliquer dans les luttes politiques et notamment dans les luttes successorales autour du trône impérial. Ces luttes vont mener à une première rébellion, dite de Hogen, en 1156, puis à celle de Hoji en 1160. A l’issue de cette dernière, les Taira prennent l’ascendant sur la Cour, et Taira no Kiyomori fait exécuter la plupart des membres du clan Minamoto, à quelques exceptions qui sont exilées. Fort de sa prééminence à Kyoto, Kiyomori fait nommer en 1180 son petit-fils d’un an Empereur sous le nom d’Antoku.

Taira no Kiyomori, by Fujiwara Tamenobu et Fujiwara Takenobu

Portrait du jeune Empereur Antoku, daté du XVIe siècle

2. La guerre

Cette nomination écarte du trône un autre prince, Mochihito, qui lance une rébellion en en appelant notamment aux Minamoto. Si le Prince lui-même est rapidement défait à la bataille de la rivière Uji, le 20 juin 1180, et tué lors de la poursuite, la rébellion s’étend rapidement. Dans l’est, Minamoto no Yoritomo relève le flambeau de sa famille. Gardé par le clan Hojo, il a marié la fille de leur chef et s’est attiré leur bienveillance puis leur soutien. Les débuts sont toutefois erratiques pour Yoritomo, qui est sévèrement battu à la bataille d’Ishibayama le 14 septembre 1180. Il parvient toutefois à s’échapper et rallie à sa cause de nouveaux soutiens jusqu’à parvenir à rentrer à Kamakura, l’ancien siège de son clan. 

Peu après, la nouvelle coalition bat une armée Taira envoyée depuis Kyoto lors de la bataille de la Fujigawa le 9 novembre. Minamoto no Yoritomo rentre à Kamakura vainqueur, et y retrouve un jeune frère, Yoshitsune.

Au début de l’année 1181, Taira no Kiyomori ordonne une répression contre les moines bouddhistes de la ville de Nara (au sud de Kyoto), pour les punir de leur soutien régulier aux opposants de Kiyomori. La répression dégénère et les troupes Taira brûlent de nombreux temples, suscitant une immense colère chez les moines de l’île. Taira no Kiyomori meurt seulement deux mois plus tard, le 20 mars 1181, accréditant l’idée d’une punition divine. Sa mort affaibli considérablement son clan, son successeur étant moins sage et habile. Les hostilités, toutefois, s’arrêtent temporairement fin 1181 en raison d’une famine qui éclate dans tout le pays. 1182 ne voit donc aucune rencontre.

Le conflit reprend dès 1183. Les Taira prennent l’initiative en marchant non pas contre l’est mais contre le nord. Là, un autre Minamoto, Kiso no Yoshinaga (qui a abandonné le patronyme Minamoto pour celui de Kiso), s’est lui aussi rebellé. Mais les Taira sont sévèrement battus à la bataille de Kurikara le 22 juin 1183, et c’est au tour de Yoshinaga de pousser vers l’ouest. Il entre finalement à Kyoto, la capitale, en août tandis que les Taira l’abandonnent. Mais l’occupation brutale de la capitale pousse l’Empereur retiré, Go-Shirakawa, à appeler au secours le cousin de Yoshinaga, Yoritomo. Trop heureux d’intervenir, Yoritomo envoie ses forces menées par Yoshitsune en janvier 1184. Battu lui aussi sur la rivière Uji, Yoshinaga doit fuir Kyoto. Rattrapé à Awazu, il est tué.

Yoshitsune poursuit ensuite sur sa lancée et attaque les Taira. Il les bat une première fois à Ichi no Tani, le 20 mars 1184, avec une charge célèbre sur une falaise. Les Taira, maîtres de la Mer Intérieure, s’échappent vers Shikoku. Il faut un an à Yoshitsune pour rassembler les forces et les navires nécessaires à la traversée. En mars 1185, il se lance et défait une fois encore les Taira, les 22 et 23 mars, à Yashima. Il les poursuit ensuite jusqu’au détroit de Shimonoseki, où il les affronte une troisième et dernière fois le 25 avril 1185 lors de la bataille de Dan no Ura. Vaincus, les Taira se suicident en masse avec l’Empereur Antoku, de six ans.

Minamoto no Yoritomo, by Fujiwara no Takanobu

Yoshitsune et Benkei, by Yoshitoshi Tsukioka (1885).

Bataille d’Ichi no Tani

Bataille de Dan no Ura

3. Conclusion

Yoshitsune ne profite pas de ses victoires. Célébré par Go-Shirakawa, l’Empereur retiré, il devient suspicieux pour Yoritomo qui lui fait le même coup qu’à Yoshinaka. Ayant perdu le soutien de ses armées, qui obéissent à Yoritomo, Yoshitsune s’enfuit dans le nord. Il sera traqué, retrouvé en juin 1189 et il se donnera la mort. Go-Shirakawa, sans véritable choix, doit se tourner vers le seul vainqueur de la guerre, Yoritomo. Ce dernier est finalement nommé Shogun en 1192, ouvrant l’ère de la domination du Japon par la classe guerrière et la création du premier Shogunat.

Bibliographie : 

Stephen Turnbull, The Gempei War 1180-85, Osprey Publishing, 2016

Julien Peltier, Samouraïs 10 destins incroyables, Editions Prisma, 2016

George Sansom, A History of Japan to 1334, Stanford, 1958

Edwin O. Reischauer, Japan The story of a nation, Third edition, Alfred A. Knopf, 1964The Heike Monogatari, translated by A.L. Sadler, Kimiwada Shoten, 1941.

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