Question problématisée (1h) :
Napoléon a-t-il établi un régime dans la continuité de la Révolution ou bien s’opposant aux idéaux révolutionnaires ?
Introduction : Le général Bonaparte prend le pouvoir le 18 brumaire de l’an VII (1799) grâce à un coup d’Etat parlementaire et met rapidement en place un régime à double tranchant qui reste dans la continuité de la Révolution tout en adoptant un côté conservateur et autoritaire : le Consulat de 1799 à 1804 puis l’Empire jusqu’en 1815 et la défaite de Waterloo face aux armées anglo-prussiennes. Nous pouvons ainsi nous demander dans quelle mesure le régime établi durant cette période s’inscrit dans la lignée des idéaux révolutionnaires tout en présentant une inflexion autoritaire au fil du temps.
Développement :
I- Des acquis de la Révolution…
Tout d’abord, Napoléon se montre, notamment au niveau politique, comme étant le protecteur des acquis de la Révolution issus des idées des Lumières. Déjà, la Constitution de l’an VII en est révélatrice. En effet, elle établit le fonctionnement de l’Etat sous l’autorité de plébiscites qui font intervenir un suffrage universel masculin. Même si, comme nous le verrons plus tard, ceux-ci peuvent être faussés, cette pratique met en application les idées de Jean-Jacques Rousseau dont Napoléon était un grand admirateur. De plus, le règne de Napoléon s’inscrit dans la continuité d’une Révolution guerrière soucieuse de propager ses idéaux à travers l’Europe. Grâce à ses nombreuses campagnes et victoires militaires dont celle d’Austerlitz en 1805 et de Iéna en 1806, les armées impériales apportent l’abolition des privilèges, le Code Civil, dont on reparlera plus tard, ainsi que la symbolique révolutionnaire, dont le drapeau français en est la pièce maitresse (le bleu et le rouge du peuple parisien contrôlant le blanc monarchique au milieu). Par ailleurs, le nouvel Empereur a comme objectif de rassembler les Français après les années de tumulte religieux qu’ont créés la Révolution en signant le Concordat en 1801 avec le pape Pie VII qui stipule le catholicisme comme étant la “religion de la majorité des Français”, enlevant ainsi à la France son caractère de monarchie de droit divin, comme le voulait la Révolution.
II-… Mais limités
Néanmoins, nous pouvons également considérer le règne de Napoléon comme un régime autoritaire fossoyeur de la Révolution. En effet, à partir des années 1809-1810, écoutant de moins en moins ses conseillers, il règne en maître absolu sur la France dont la Constitution faisant intervenir le suffrage universel masculin n’est qu’illusion : les différentes institutions législatives (Corps législatif, Sénat, Conseil d’Etat et Tribunat) sont sous son contrôle. Ces suffrages sont même faussés en faveur du régime et, pire, Napoléon supprimera le Tribunat en 1807 dont le rôle était de délibérer sur les projets de loi avant leur adoption par le Corps législatif. En parallèle, la police secrète (dirigée par le célèbre Foucher) est omniprésente dans la société pour traquer les moindres opposants au système en censurant les ouvrages hostiles à Napoléon et en exilant des écrivains comme Madame de Staël. A cela s’ajoute le Code Civil de 1804 qui, malgré son indéniable apport à la clarification de la loi, place la femme sous le contrôle du père puis du mari. La politique dynastique de l’Empire constitue quant à elle presque un retour à l’Ancien Régime : “la dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte” comme le dit un Sénatus-Consulte de 1804. Son mariage avec Marie-Louise d’Autriche en 1810 (petite nièce de Marie-Antoinette) et la naissance de son fils en 1811 ne fera ainsi qu’accroitre le nombre d’opposants républicains à Napoléon.
Conclusion : Pour conclure, même si l’héritage de Napoléon est controversé, ce dernier reste assez populaire auprès des Français, comme on l’a vu lors du bicentenaire de sa mort en 2021, et inspirera au fil des siècles de nombreuses générations, comme les Romantiques au XIXème siècle qui ont toujours vécu dans la nostalgie de la grandeur de l’Aigle.
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