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Jusqu’au XVIIe siècle, le type de régime politique principal est l’Empire. Durant cette période, les signes de puissance d’un État étaient sa capacité à gérer les territoires conquis, notamment en se servant d’une religion pour les unifier, et son armée, qui pouvait être uniquement constituée de mercenaires. C’est avec ces armées que les grandes puissances se sont fait la guerre, afin d’agrandir leurs territoires. Les conflits de cette période opposaient des empires sédentaires, comme l’Empire Romain, à des empires nomades, comme l’empire mongole de Genghis Khan, voire à des empires hybrides. Dès la chute du dernier empire nomade, celui de Tamerlan; un faux climat de sécurité s’installe en Europe. C’est alors qu’éclatent des guerres de religion, telles que la guerre de Quatre-vingts ans ou la guerre de Trente ans, qui ont été des conflits d’une extrême violence, et ont causé la mort de dix millions de personnes. Les Européens ont donc essayé de mettre fin à ces conflits; et d’apporter une paix durable sur le vieux continent; qui metta notamment fin au système impérial. La paix peut être définie de deux manières: la première est celle de l’idéal de concorde entre tous les États, et la seconde est celle d’une absence de guerre. Nous nous servirons ici de cette dernière, tout en notant qu’elle n’exclut pas la conflictualité au sein des relations internationales. Comment les manières de faire la paix ont-elles évolué depuis les traités de Westphalie? Nous commencerons par étudier les principes et la mise en place du système westphalien, puis nous aborderons les débuts de la sécurité collective, puis son rétablissement après la Seconde Guerre mondiale.

L’émergence du système westphalien : un nouvel ordre pour la paix en Europe

Le système westphalien a eu comme but de mettre en place l’équilibre des puissances et de donner de l’importance aux négociations. Les traités de Westphalie ont permis de mettre fin à la guerre de Quatre-vingts ans, qui opposait les Provinces-Unies à l’Espagne de 1568 à 1648, et à la guerre de Trente ans, dans laquelle les pays protestants et la France se sont battus contre les pays catholiques. Les négociations de Westphalie se sont tenues dans deux villes neutralisées: Münster et Osnabrück, la première accueillant les diplomates et plénipotentiaires catholiques; la seconde les protestants. Les négociations ont débuté en 1645; puis les traités ont été rédigé en 1647, puis ils ont été signés en 1648. Elles furent très difficiles; puis que les diplomates ne parlaient pas tous la même langue; devaient faire de longs trajets pour faire des rapports et demander l’avis des rois; le tout pendant que la guerre continuait en Europe. De plus, il était difficile de savoir qui était les plénipotentiaires de chaque pays. Mais malgré ces difficultés; la paix de Münster du 30 janvier 1648 met fin à la guerre de Quatre-vingts ans, et les traités de Münster et d’Osnabrück du 24 octobre 1648 marquent le terme de la guerre de Trente ans. Afin d’amener la paix, notamment dans le Saint-Empire Romain Germanique, le «Cujus regio, ejus religio» de la paix d’Ausburg de 1555 fut révoqué; les citoyens ont dès lors le droit d’exercer la religion de leur choix, et peuvent quitter le territoire en cas de désaccord avec leur prince. D’un point de vue international, ces traités promulguent la négociation entre chaque État belligérant en cas de conflit, et met en place un équilibre des puissances.

Ce système a fonctionné jusqu’à 1789, et a permis de réduire le nombre de morts lors des guerres. Ces dernières ont malgré cela toujours existé, notamment à cause de la France de Louis XIV, qui a essayé de bouleverser cet équilibre, profitant d’un flou vis à vis de ses frontières, qui a été résolu lors de la paix d’Ultricht de 1713 mettant fin à la guerre de succession d’Espagne. Le système a failli s’effondrer lors des guerres napoléoniennes, la France ayant presque atteint l’hégémonie, mais les traités découlant du congrès de Vienne remettent en place l’équilibre des puissance. Le système westphalien n’a plus fonctionné dès 1870. Les principaux défauts de celui-ci étaient que cette conception européenne de la paix a été imposée par l’Europe Monde aux autres continents, qui étaient méprisés par ces derniers, mais aussi le fait qu’il repose sur l’égalité des États, là où chaque conflit a créé des disparités entre vainqueur et vaincu.

De l’équilibre des puissances à la sécurité collective : les premiers pas du multilatéralisme

Après la Première Guerre mondiale, une forme de paix fondée sur le multilatéralisme est crée: la sécurité collective. Les traités du XXe siècle mettent fin à l’égalité des États dans les négociations: après la Grande Guerre, la conférence de la paix à Paris en 1919 n’inclut que les 27 États gagnants, et lors du conseil des 4, W. Wilson, G. Clémenceau, D. Loyd George et V. Orlando décident du sort de l’Allemagne, et lors du conseil des 5 regroupant les ministres des affaires étrangères du Japon, de l’Italie, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis décident les termes des traités des autres perdants. L’égalité est la négociation entre tous les États a bien disparu. Les traités de Versailles (juin 1919), de Sèvres (septembre 1919), de Neuilly (novembre 1919), de Trianon et de Lausanne (novembre 1920) ont alors été signés. C’est le président étasunien Woodrow Wilson qui porte l’estocade au système westphalien en proposant une sécurité collective via la Société des Nations. Il en évoque les principes dans son célèbre discours des 14 points de Wilson: les États se garantissent leurs souverainetés territoriales et leurs indépendances politiques (article 10). La S.d.N a connu des réussites dans les années 1920 grâce à Aristide Briand, qui a permis la signature du traité de Loncarno en 1925 et la signature du pacte Briand-Kellog en 1928 dans le cadre de l’esprit de Genève. Or; la S.d.N a aussi connu de grands échecs: les États-Unis n’ont jamais ratifié le traité de Versailles suite à un opposition du sénat et n’ont donc pas fait partie de l’organisation, le Japon l’a quittée en 1933 après avoir été définie comme agresseur lors de l’invasion de la Mandchourie, l’Allemagne l’a quittée la même année, et en 1935 l’Italie la quitte après avoir envahit l’Éthiopie. Elle n’a alors pas pu empêcher la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale.

L’ONU : Un nouvel espoir pour la paix mondiale, entre réussites et défis

Le principe de sécurité collective a été repris par F.D. Roosevelt pour la création de l’Organisation des Nations Unies, qu’il évoque pour la première fois dans un discours du 1er janvier 1942. Après les conventions de Dumbarton Oaks et de San Francisco, l’O.N.U. et sa charte ont été créés, et sa création a été signée en 1945. L’O.N.U a un élément que la S.d.N. n’avait pas: une forme de «police», via l’envoie de casque bleus par son conseil de sécurité, dont les 5 membres permanents, la Chine, la Russie, La Grande-Bretagne, les États-Unis et la France, possèdent chacun un droit de veto. Les capacités de L’O.N.U ont été entravées par l’URSS de 1947 aux années 1960, pendant la première partie de la Guerre Froide, où elle se sert systématiquement de son droit de veto pour bloquer l’arrivée de nouveaux membres, puis les États occidentaux sen sont beaucoup servi dès 1960 pour entraver la décolonisation et empêcher de mettre fin à l’Apartheid. La logique de l’O.N.U. est de résoudre les conflits par d’autres moyens que la guerre.

L’unilatéralisme et les nouvelles menaces : l’ONU à l’épreuve du XXIe siècle

On peut voir de nombreux essais de l’O.N.U. de mener à la paix, notamment en envoyant des inspecteurs vérifier si l’Irak de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massives en 1998, (au lieu de déclencher une guerre comme le voulait les États-Unis), mais aussi en venant en aide au Timor Oriental dès 1999 afin de permettre son indépendance. De nombreuses autres actions ont été prises par L’O.N.U. sous le mandat de Kofi Annan de 1997 à 2006. Celui-ci voulait donner le droit d’ingérence à l’O.N.U. dans le cadre de la «sécurité humaine», ce qui signifie que l’O.N.U. pourrait intervenir sur le territoire d’un État, contre sa volonté dans le cas d’une violation des droits humains. Les États membres n’ont cependant jamais voté cette nation.

Après cette période de multilatéralisme, l’unilatéralisme étasunien revient en force à cause des attentats du 11 septembre 2001. Malgré l’opposition de l’O.N.U., les États-Unis lancent la deuxième guerre du Golfe en 2003 contre l’Irak, et L’O.N.U. ne peut les en empêcher. De plus, son fonctionnement est remis en question, puisque l’organisation semble incapable de faire face aux nouvelles menaces transnationales, et à la montée des guerres civiles et imbriquées, comme au Soudan et en Syrie. De plus, à cause des droits de veto, elle est incapable d’envoyer les casques bleus dans des conflits comme lors de l’invasion russe de l’Ukraine, ou lors du conflit israélo-palestinien.

Nous pouvons en conclure que la construction de la paix du XVIe au XIXe siècle s’est faite en Europe, via un système westphalien fondé sur l’égalité entre les États lors des négociations et sur l’équilibre des puissances, puis, qu’après la Première Guerre mondiale, la sécurité collective qui repose sur l’inégalité des forces, en créant une coalition contre un agresseur, a été mise en place via la Société des Nations, puis via l’Organisation des Nations Unis. On pourrait cependant remettre en question l’efficacité de ce système, en observant la présence de conflits que L’O.N.U. ne peut arrêter en Ukraine ou au Soudan, en grande partie causée par le droit de veto du conseil de sécurité. On pourrait dès lors s’intéresser aux opinions de certains historiens comme Chloé Maurel, qui estime qu’une réforme importante de l’O.N.U., afin, entre autre, de la rendre moins opaque et plus apte à empêcher les conflits, serait nécessaire.


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